Selon le journal "La Croix" :
Les violences ont éclaté le week-end dernier à la suite du décès d’un Cinghalais bouddhiste battu par une foule de musulmans. « L’origine réelle de cette altercation reste floue, assure ce journaliste sri-lankais du Daily Mirror, mais ces montées de fièvre deviennent un peu plus fréquentes avec la montée d’un radicalisme musulman dans le pays ». Les Cinghalais, majoritairement bouddhistes, constituent les trois quarts des 21 millions d’habitants de l’île. Les musulmans en majorité sunnite, qui sont installés au Sri Lanka depuis des décennies du temps de la colonisation, ne représentent que 10 % de la population et les Tamouls, majoritairement hindous environ 18 %. Les catholiques représentent près de 7 % de la population.
Le Sri Lanka connaît une montée de l’extrémisme bouddhiste depuis plusieurs années, attisé par des moines radicaux au sein du Bodu Bala Sena (BBS), « Force du pouvoir bouddhiste », organisation bouddhiste, nationaliste, extrémiste, islamophobe et antichrétienne, active depuis 2012. Cette organisation cherche à imposer la prééminence du bouddhisme au Sri Lanka et a organisé plusieurs campagnes contre les minorités ethniques et religieuses du pays.
L’organisation bouddhiste radicale Bodu Bala Sena prône la prééminence du bouddhisme
« Le gouvernement surveille leurs activités mais n’a pas fait de déclaration ouverte contre cette organisation », explique encore Kelum Bandara qui ne souhaite toutefois pas comparer la situation de son pays avec celle de la Birmanie où l’armée a été accusée d’épuration ethnique contre la minorité musulmane des Rohingyas.
La semaine dernière, des foules avaient incendié des commerces appartenant à des musulmans et attaqué une mosquée dans l’est du pays, après des accusations selon lesquelles des contraceptifs auraient été introduits dans de la nourriture vendue à des Cinghalais. Le gouvernement a dénoncé des accusations sans fondement et ordonné l’arrestation de ceux qui les propageaient. « Il y a toujours eu des tensions plus ou moins violentes, assure Kelum Bandara, et le gouvernement veut ménager toutes les minorités du pays en leur assurant une sécurité. ». Le Parlement sri-lankais a formulé des excuses avant-hier à l’égard de la minorité musulmane. En attendant, des militaires et des forces spéciales de la police lourdement armées restent déployées dans la région de Kandy.
Dorian Malovic